Vive-la-gauche-indignée

Le député de la Martinique qui a vidé son sac contre Guéant à l’Assemblée Nationale provoquant la réaction d’indignation surfaite du gouvernement et de la droite aurait dû avoir un comportement moins spontané et plus politique. Il est possible que son électorat particulièrement sensible au scandale historique de l’esclavage des noirs et de la traite n’en puisse plus d’entendre un ministre de la république tenter par des sous entendus cousus de fil blanc  réaffirmer la supériorité de la « civilisation occidentale » et de renouer ainsi avec des théories qui renvoient à la supériorité de la race blanche. Avoir rappelé que ces élucubrations ont permis de construire le nazisme et ont conduit aux camps de la mort était au fond légitime et sensé. Mais en mettant si franchement les pieds dans le plat il pouvait s’attendre à provoquer le tollé auquel il a eu droit. Et le résultat politique est pratiquement nul et même inverse de ce que l’on voudrait. L’amalgame pur et simple est justement la technique de Guéant qui mélange allègrement les civilisations, les valeurs, les régimes, les époques ou les mouvements de pensée particuliers et pas majoritaires qui ont surgi dans telle ou telle société avec un unique but stigmatiser non pas les orientaux, l’Empire Turc, l’Iran ou l’Emirat de Quatar mais tout simplement les banlieusards de la couronne parisienne. Le discours de Guéant est transparent dans ses intentions, il est constant, il consiste  à attaquer par allusions, par translations induites une partie de la communauté nationale avec une intention politique claire, tenir le même discours que le FN mais de manière policée.  Son souci c’est de dire civilement des choses ignobles. On veut croire que ce flou puant n’a comme objectif que de gagner des voix à la prochaine présidentielle.

Malgré le comportement exécrable de ce ministre, il n’a rien à voir ni de prés ni de loin avec un  leader nazi  comme Hitler qui avait publiquement affiché  sa haine des juifs qu’il avait en quelque sorte codifiée par écrit dans Mein Kampf, ce qui ne devait pas l’empêcher de devenir chancelier allemand  avec la suite que l’on connaît.

Pour en revenir au thème le plus utilisé par les membres de la majorité pour défendre les propos du ministre de l’intérieur, l’égalité homme- femme à laquelle tous les courants de pensée sont profondément attachés en France, il faut être assez mauvais historien pour l’utiliser comme marqueur d’une civilisation « supérieure » pour une raison bien simple, c’est un acquis tout récent en Europe et le fruit d’un processus séculaire. C’est d’ailleurs un processus inachevé sur le plan économique. Mais rentrer dans les détails d’une discussion aux intentions si perverses ne sert de rien.

François Hollande a eu raison de s’en tenir à une prudente réserve sans présenter des excuses et  en laissant entendre que le député s’était peut être exprimé d’une manière exaltée due à la souffrance ressentie. Il aurait pu parler non pas du député lui même mais de ses électeurs de l’outre-mer qui ne peuvent être que très sensibles  à des dérives qui les concernent très personnellement et les renvoient à des histoires familiales dont ils ont encore le souvenir. Ce que les banlieues outragées ne sont pas en mesure de dire c’est finalement les concitoyens des îles qui  l’ont brutalement  signifié  à la majorité en déroute à la recherche éperdue de son électorat.

La gauche se doit de réaffirmer avec force son attachement  à la laïcité qui doit servir à réguler le vivre ensemble  de citoyens de religions trés différentes. Elle doit clairement indiquer son intention de traquer les pratiques communautaires qui portent atteinte aux libertés individuelles. Elle peut le faire sans stigmatiser personne en posant des principes qui sont considérés comme essentiels par une trés large majorité des français.Car les gesticulations de la droite ont aussi pour but de la faire passer pour la "défenseur" des droits de l'homme", ce qu'elle n'est ni plus ni moins que la gauche.Certianement moins quand il s'agit de protéger les intérêts de l'Eglise Catholique.