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Hollande sonne la retraite

Publié le 16/12/2011 à 20:11 par vivelagauche Tags : hollande marine le pen bayrou retraites bonne message cadre sourire bébé

 

Si on comprend bien ce que parler veut dire, François Hollande a décidé d’enterrer purement et simplement le projet socialiste de retour vers la possibilité de prendre sa retraite à soixante ans pour tous. Le projet du PS est très clair sur ce sujet, il donne à chacun la possibilité de prendre s’il le souhaite sa retraite à 60 ans à la condition qu’il accepte une décote s’il ne justifie  pas des 42 ans d’ancienneté nécessaires pour bénéficier d’une retraite à taux plein.

Le rétropédalage de François hollande se veut diplomatique puisqu’il se fait avec des modalités en quelque sorte pragmatiques :

-La retraite à 60 ans est maintenue pour une minorité infime ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans et qui ont acquis leurs 42 ans d’ancienneté.

-Le reste est renvoyé à des « négociations » qui auront lieu après la présidentielle. Une manière délicate de laisser espérer que l’on n’a pas jeté le bébé avec l’eau du bain. Surtout quand on ajoute un couplet sur les travaux pénibles.

Il y a pourtant une différence de taille entre l’annonce qui a été faite et une autre qui aurait pu affirmer le principe en expliquant que les modalités sur la décote et la définition des travaux pénibles seraient examinées dans le cadre d’une négociation. Après tout en cas de difficultés financières transitoires une décote plus sévère aurait pu être envisagée pour devenir plus dissuasive. Or ce n’est pas du tout ce langage qui a été tenu mais au contraire un recul clair et net sur ce qui était un engagement défendu par le PS pendant des mois au milieu des manifestations.

Pour nombre d’électeurs et de sympathisants socialistes une telle reculade est une incitation à voter directement François… Bayrou. Lui au moins aura gardé sur ce sujet une forme de cohérence dans la durée.

Cette affaire est grave car elle témoigne d’un dérapage vers la droite du candidat Hollande qui va éloigner de lui nombre de militants et d’électeurs de gauche et cela sans lui gagner réellement des électeurs de droite.

L’examen des sondages depuis des mois montre qu’au premier tour une large partie du vote protestataire populaire s’oriente vers le Front National et que la gauche au premier tour reste bloquée à 44 % de l’électorat. La victoire de Hollande au second tour tient pour l’essentiel au rejet qu’inspire la personnalité de Nicolas Sarkozy qui agit comme un repoussoir sur 15 à 20% de l’électorat du centre, de droite et d'extrême droite du premier tour. Ce vote obtenu par dépit et par rejet d‘un adversaire discrédité ne garantit absolument pas l’élection au dernier moment. Nombre d’événements peuvent conduire les électeurs à changer finalement d’option. Pour consolider sa position Hollande doit –il faire des concessions telles que cet abandon  du projet socialiste des retraites ? La réponse semble sans doute évidente à son staff de campagne qui représente de fait l’aile la plus à droite du parti socialiste avec Valls en pointe dans les médias. Rappelons pourtant qu’au premier tour de la primaire nombre d’électeurs se sont portés sur des candidats plus à gauche que lui, même si sa position de leader lui a ralliée une large majorité au second tour.

Le virage sur les retraites aura donc des conséquences sur sa cote d’amour auprès des électeurs de gauche. Espérons qu’il n’alignera pas d’autres propositions du même acabit car cela aura un effet certain sur une bonne partie du PS.

On peut supposer que dans ce choix il y a la volonté de faire des sourires au Modem et surtout à ses électeurs puisque  la cote de Bayrou progresse largement. En fait ses gains de popularité tiennent moins à la personnalité de ce candidat déjà connu qu’ à l’atonie de la campagne hollandaise qui se perd en critiques stériles du pouvoir au moment où l’angoisse des français est telle qu’ils attendent un chemin, des solutions et non pas la mise en accusation trop facile d’un gouvernement qu’ils ont déjà jugé.

L’attirance du Front National sur une partie du vote populaire démontre que ce n’est pas de gestion rigoureuse que veulent entendre parler une bonne partie des électeurs qui fuient la gauche. Les théories économiques de Marine le Pen font sourire ou dépriment c’est selon, mais ne peuvent en aucun cas constituer une alternative sérieuse de gouvernement. Par contre dans son message il y a des refus explicites qui apparaissent clairement. Refus de l’Europe et des contraintes, refus de la mondialisation, peur du chômage, et même les revendications contre les étrangers sensés prendre ce qui appartient aux français traduisent une revendication de protections sociales plus fortes. Un discours centriste ne ramènera pas ces électeurs dans le giron de la gauche. Paniqués et révoltés, ils veulent des réponses concrètes à leurs angoisses. Même si celles de Madame Le Pen sont pour l’essentiel farfelues et odieuses, elles ont pour elles l’évidence des arguments du café du commerce. Il faut que la gauche déconstruise avec méthode ce discours et sache sur les mêmes questions apporter ses réponses. Le FN est dans cette présidentielle un ennemi aussi dangereux que le candidat de la droite et toute stratégie qui miserait sur le niveau élevé du Front national serait un calcul à courte vue probablement suicidaire.

Au total cela fait trois mauvaises nouvelles synchrones, un effritement des scores de Hollande dans les sondages qui sanctionne la faiblesse de sa campagne part trop axée sur les critiques et trop peu sur les propositions fortes. Il y a une usure médiatique certaine de cette posture qui compte tenu de la gravité de la crise et des nouvelles quotidiennes inquiétantes ne dégage pas d’issue crédible et surtout moins douloureuse, deuxièmement un renoncement aux fondamentaux du parti socialiste qui va démobiliser nombre de militants et de soutiens, enfin l’annonce d’une récession qui va amplifier et légitimer le pessimisme ambiant.

Comme aurait dit Chirac expert en la matière, les emmerdes ça vole en escadrille !